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Adoption historique du premier traité international anti-tabac

L'Assemblée mondiale de la Santé, représentant les 192 états-membres de l'OMS, a pris une décision « historique » en adoptant par acclamation le 21 mai le premier traité internationale de lutte contre le tabac. Il aura fallu plus de trois ans de travaux et de négociations acharnées pour parvenir à ce texte final, qui représente une avancée décisive en matière de lutte contre le tabagisme. Au cours des négociations, les efforts de l'OMS s'étaient heurtés à de très fortes résistances des cigarettiers, à tel point que de hauts responsables de l'agence de l'Onu avaient dénoncé les "coups bas" de l'industrie pour faire capoter cette initiative. Des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou le Japon avaient maintenu des réserves sur divers points du texte jusqu'à la dernière minute. L'objectif de cette convention-cadre de l'OMS pour la lutte anti-tabac est de faire diminuer la mortalité due au tabagisme. Cinq millions de personnes meurent chaque année des suites d'une maladie liée au tabac dans le monde. Ce chiffre pourrait grimper à dix millions d'ici 2030, dont 70 % dans les pays en développement, selon l'OMS. Rappelons que le tabac a déjà tué 100 millions de personnes dans le monde au cours du XX e siècle, ce qui représente plus de victimes que celles des deux guerres mondiales ! Le traité reconnaît que le tabagisme et l'exposition au tabac peuvent entraîner "la mort, des maladies ou un handicap" et que les cigarettes ont été "conçues de façon à entretenir une dépendance". Il s'alarme de la consommation de plus en plus importante de tabac chez les enfants et les adolescents. Selon les termes de cette convention, le tabac doit notamment être interdit dans les lieux publics ou fermés, tandis que les avertissements sanitaires doivent occuper entre 30 et 50 % de la surface de chaque paquet. Ce traité prévoit également une limitation drastique de la publicité pour tous les produits du tabac. La convention impose aussi de faire figurer sur les paquets de cigarettes des mises en garde sur le danger du tabac. Elle prévoit l'interdiction de la vente de produits du tabac aux mineurs, le traitement de la dépendance et l'adoption de mesures de lutte contre la contrebande. Enfin, et ce point est capital pour les pays en voie de développement, des aides spécifiques seront prévues pour encourager les cultures de substitution au tabac. Ce traité est désormais ouvert à la signature et à la ratification par les Etats. Il entrera en vigueur après la 40ème ratification. Il s'agit d'une victoire personnelle pour Gro Harlem Brundtland , directrice de l'OMS. Mais aussi pour tous ces pays si différents, unis par la crainte de voir le tabagisme devenir demain « le principal tueur de nos petits-enfants », comme le leur avait expliqué la veille celle qui doit quitter la direction de l'OMS le 20 juillet prochain. Pour l'Inde dont le ministre de la Santé, Shandrima Swaraj, a salué « la décision pionnière » prise par l'Organisation. Pour la Zambie, qui a fait savoir par la voix de son représentant le ministre de la santé D. Chituwo, qu'il allait « signer (la convention) des deux mains, bien que la culture du tabac représente 30 % du revenu national total. » Pour autant, les responsables de la santé ne sont pas au bout de la route. Certes, les grandes lignes de la lutte contre le tabagisme sont maintenant posées : interdiction de fumer dans les lieux publics et les espaces dévolus aux activités pédagogiques, limitation du nombre de points de vente, interdiction de la publicité, de la vente aux adolescents... Mais quels seront les pays signataires de la convention ? Car à ce stade les présents ont adopté les termes de sa rédaction, et ceux de la résolution de l'OMS qui en permettra la mise en oeuvre. Chaque pays devra ensuite s'engager individuellement dans la voie de son application, en signant le texte au niveau gouvernemental et en adaptant sa législation nationale. Tous ne suivront pas cette route difficile. Il y aura d'abord les pays qui n'aiment pas les conventions et les traités dès lors qu'ils interfèrent si peu que ce soit avec leurs prérogatives intérieures. Il y aura également ceux qui auront du mal à résister aux pressions des très puissantes sociétés productrices de tabac. Ceux là auront besoin que les plus riches les aident dans leur résistance. La Zambie a déjà appelé la communauté internationale à veiller au strict respect de l'article 26 de la convention concernant « le financement de la diversification des cultures. » Brève rédigée par @RT Flash

OMS : http://www.who.int/mediacentre/releases/2003/prwha1/en/

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