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Le réchauffement climatique va rendre les forêts émettrices nettes de CO2…

Les forêts constituent le deuxième plus grand puits de carbone au monde après les océans. À l’heure actuelle, les forêts tropicales stockent ainsi l’équivalent de 25 années de carbone émis par la combustion d’énergie fossile. Mais elles pourraient à leur tour devenir un facteur d’accélération du réchauffement climatique si nous dépassons une certaine température. C’est ce seuil que des chercheurs du monde entier ont cherché à établir dans un travail colossal, mené pendant plusieurs décennies dans plus de 800 forêts tropicales et sur 500 000 arbres.

Les scientifiques ont découvert que c’est l’augmentation de température qui a le plus d’influence sur le stockage de carbone et ils ont déterminé que la température moyenne journalière maximale que pourraient supporter les forêts tropicales, en gardant un fonctionnement normal, est de 32°C diurne. Or, cette température serait dépassée dans près des trois-quarts des forêts si le réchauffement climatique atteint 2°C, selon leur étude finale publiée le 22 mai dans la revue Science.

« En effet, une hausse trop forte des températures diminuerait fortement la productivité de la forêt tout en augmentant le taux de mortalité des arbres. Or, lorsque la quantité de carbone gagnée par la croissance des arbres est inférieure à celle perdue par la mortalité, les forêts se mettent à libérer plus de dioxyde de carbone qu'elles n'en absorbent », détaille le Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

Le danger serait alors « que les forêts deviennent, à leur tour, émettrices de carbone » selon Bruno Hérault, coauteur de l'étude. « Chaque degré d'augmentation de la température libérerait 51 milliards de tonnes de CO2 des forêts tropicales dans l'atmosphère », indique Martin Sullivan, l'auteur principal de la publication. À titre de comparaison, les émissions mondiales de CO2 ont atteint 43 milliards de tonnes en 2019, selon le Global Carbon Project.

Une autre étude publiée début mars dans le journal scientifique Nature alertait elle aussi sur l’affaiblissement des capacités de stockage de CO2 des forêts tropicales. « Le pic de séquestration du carbone par les forêts tropicales a eu lieu dans les années 1990 et, depuis, leur capacité diminue » explique Wannes Hubau, chercheur au Musée royal de l’Afrique centrale (Bruxelles) et premier auteur de l’article.

La capacité de stockage de la forêt amazonienne devrait atteindre zéro d’ici 2035, c'est-à-dire qu'elle émettra alors plus de CO2 qu'elle n'en absorbe, tandis que celle des forêts africaines devrait décliner de 14 % d'ici à 2030. « Cette baisse est en avance de dizaines d'années sur les prédictions les plus pessimistes », souligne le chercheur. « La mortalité est une étape naturelle du cycle de la vie des arbres de forêt. Mais en pompant autant de CO2 dans l'air, nous avons accéléré ce cycle », a-t-il déclaré à l'AFP. « Nous allons devoir revoir nos modèles climatiques, mais également les stratégies de compensation que nous avions basées sur ces modèles ».

De nombreux pays et entreprises ont en effet basé leurs trajectoires de réduction des émissions et de compensation carbone sur les forêts. Les conclusions de ces études devraient les pousser à revoir leurs scénarios en prévoyant une réduction encore plus rapide que prévu des émissions de gaz à effet de serre pour rester bien en-deçà d’un réchauffement de 2°C.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

CIRAD

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