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Edito : Demain, chaque foyer sera à la fois producteur et consommateur d'énergie
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Le secteur du bâtiment représente 40 % de la consommation d’énergie totale de l’Union européenne et au moins le quart de ses émissions de GES (plus d'un milliard de tonnes par an). C'est pourquoi, dans le cadre du "paquet énergie-climat" adopté en décembre 2009 et prévoyant l'objectif des "trois fois vingt" (20 % d'énergies renouvelables, diminution de 20 % des émissions de GES et amélioration de 20 % de l'efficacité énergétique d'ici 2020), la directive européenne du 19 mai 2010 sur la performance énergétique des bâtiments constitue une véritable révolution dont les conséquences dépassent largement le secteur du bâtiment, pourquoi ?
Cette directive très ambitieuse prévoit la généralisation des bâtiments « passifs » ou producteurs d'énergie à l'horizon 2020, avec une obligation anticipée pour les bâtiments publics dès 2018. Dans 25 ans, au moins un quart de nos bâtiments seront donc non seulement neutres sur le plan énergétique mais pourront produire de l'énergie excédentaire en combinant différentes technologies (films solaires souples sur les murs, pompes à chaleur, récupération des calories liées à l'activité du bâtiment, micro-éolien, piles à combustibles "domestiques").
Cette production souple, hybride, diffuse et décentralisée d'énergie s'intégrera dans une approche systémique articulant quatre composantes essentielles : d'abord la réduction "à la source" de notre consommation globale d'énergie qui sera obtenue en repensant toutes nos activités et en imaginant un nouvel urbanisme privilégiant l'efficience énergétique et optimisant massivement l'offre et la demande de déplacements.
Le second facteur est l'efficacité énergétique : il s'agit de mieux utiliser l'énergie que nous produisons et, dans ce domaine, les gisements de progression sont immenses, notamment en combinant les nouvelles technologies de stockage massif ou individuel de l'énergie : stockage sous forme de gaz, d'hydrogène, de sel fondu ou d'air comprimé, notamment, qui permettent de compenser de manière très efficace la nature diffuse et intermittente des principales énergies renouvelables (vent, soleil).
Le troisième facteur est bien entendu lié aux progrès intrinsèques des énergies renouvelables elles-mêmes, en terme de rendement et de capacité de production d'énergie : un exemple, Vesta a annoncé pour 2015 une éolienne marine géante de 7 MW. Une seule de ces machines pourra produire, en moyenne annuelle, plus de 20 millions de kWh, soit l'équivalent de la consommation hors chauffage de 8 400 foyers ! Les cellules solaires, grâce aux nanotechnologies, vont également faire des pas de géant en matière de rendement mais aussi de facilité d'utilisation et de coût de production. Devenues fines, souples et résistantes, elles pourront tapisser les murs de nos bâtiments et s'intégrer partout.
Enfin, le dernier facteur est constitué par le réseau intelligent de transport et de régulation de l'électricité (RITE) qui saura, en temps réel, anticiper et ajuster l'offre et la demande d'énergie. Ce réseau sera en outre capable d'absorber la production massive mais variable d'électricité issue des énergies renouvelables. Mais la véritable révolution sera la gestion par ce réseau des productions et consommations d'énergie propre liées aux transports électriques. Nos véhicules propres pourront en effet, lorsqu'ils ne sont pas utilisés, produire de l'énergie qui sera injectée dans le réseau.
En juin 2008, une remarquable étude réalisée par une équipe d'EDF-R&D et publiée par "Futuribles" a imaginé un scénario d'évolution vers des bâtiments (des secteurs résidentiel et tertiaire) ne faisant pas appel aux énergies fossiles, à l'horizon 2050. Partant d'un état des lieux de la situation actuelle des bâtiments en France, dans le domaine énergétique, les auteurs ont montré que, même sans rupture technologique majeure, en améliorant l'isolation et l'efficacité énergétique et en intégrant massivement les énergies renouvelables dans le bâti neuf et en rénovation, il était possible pour notre pays de ne plus recourir aux énergies fossiles dans le bâtiment sans augmenter de façon significative la demande d'électricité et en réduisant, de surcroît, ses émissions de CO2 de 90 millions de tonnes par an (une réduction qui représente plus de 20 % de nos émissions de CO2 en 2010).
Parmi les énergies mobilisables, il faut bien sûr citer l'éolien marin de prochaine génération. Si la France voulait produire 20 % de sa production électrique totale (550 Twh en 2010) à l'aide de l'éolien marin, il faudrait installer en mer environ 5 500 machines de 7 MW, ce qui n'est nullement hors de portée d'un pays comme la France. On peut également développer considérablement le chauffage au bois ; il est aujourd’hui la première énergie renouvelable en France, grâce à 6 millions de logements équipés, avec une production de 7,4 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole).
Selon une étude prospective de l’ADEME, l’objectif fixé par le Grenelle de 9 millions de logements dotés d’appareils au bois en 2020, soit le quart du parc résidentiel, est tout à fait atteignable et notre pays, qui possède le quart de son territoire en forêt, est un gisement de bois exploitable de 20 millions de tonnes par an. Autre énergie mobilisable sans révolution technologique, la géothermie qui devrait être multipliée par six d'ici 2020 (par 10 en Ile-de-France) et représenter 1,2 million Tep à cet horizon. Notre pays a également la chance de disposer d'un excellent gisement solaire et pourtant il n'a que 100.000 chauffe-eau solaires installés, dix fois moins qu'en l'Allemagne.
Face à l'épuisement inéluctable et accéléré des énergies fossiles qui représentent encore, au niveau mondial, plus des trois quarts des 12 Gigateps que le monde consomme désormais chaque année, nous n'avons pas le choix, nous devons anticiper la fin de l'utilisation de ces énergies dont les prix ne vont cesser de grimper et dont l'utilisation massive va tout simplement devenir intenable socialement, économiquement et écologiquement.
Avec un baril de pétrole qui dépassera rapidement les 200 dollars, l'argument du coût de production trop élevé des énergies renouvelables et de leur manque de compétitivité ne tient plus, surtout si l'on intègre dans l'équation énergétique la valeur fortement croissante des émissions de carbone évitées par un développement massif des énergies propres et la nécessité absolue de réduire de moitié, au niveau mondial, nos émissions de GES d'ici 40 ans. Dans un tel scénario, seule la production décentralisée d'énergie propre, au plus près de l'utilisateur final, et une rupture majeure en termes de sobriété et d'efficacité énergétique pourront nous permettre, sans remettre en cause notre confort et notre qualité de vie, de surmonter le défi écologique et énergétique sans précédent qui attend l'humanité.
René TRÉGOUËT
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
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Nom…younous kane
9/05/2011merci de produire un document aussi important pour l'humanite.Au lieu de s'entretuer dans des crises de cette politique de pouvoir sauvage et inutile l'humanite entiere devrait faire comme vous en pensant à notre lendemain sombre.
je suis enseignent et ecologiste et je voudrai vraiment rester en contact avec vous m'inspirer de vous en quelque sorte.
tel:00221.33.960.20.84 et 00221.70.630.62.99